À la découverte de Naomi Fontaine

Cette année, j'ai fait la grande découverte de Naomi Fontaine, auteure innue de la communauté de Uashat, sur la côte Nord du fleuve Saint-Laurent. Ses romans sont courts, mais percutants; remplis de tendresse et de sensibilité. Naomi Fontaine est un auteure qu'il faut lire en entier, en plus de s'engager à suivre tout ce qu'elle publie.

 À la découverte de Naomi Fontaine
Page content

Cette année, j'ai fait la grande découverte de Naomi Fontaine, auteure innue de la communauté de Uashat, sur la côte Nord du fleuve Saint-Laurent. Ses romans sont courts, mais percutants; remplis de tendresse et de sensibilité. Naomi Fontaine est un auteure qu'il faut lire en entier, en plus de s'engager à suivre tout ce qu'elle publie.

Kuessipan, Mémoire d'encrier, 2011

Le premier roman de Naomi Fontaine, Kuessipan, est paru en 2011. C'est une collection de vignettes qui illustre le quotidien dans une réserve innue. L'auteure y raconte la vie des gens, le bruit du vent, les vagues du fleuve et les revirements d'une petite communauté. Sa plume est comme un murmure. Douce et posée, certes, mais aussi puissante qu'un brise-glace. En lisant Kuessipan, le lecteur n'a qu'à se laisser porter par les flots d'une histoire qui a peu de mots, mais qui dit tout. Le premier roman de Naomi Fontaine présente au monde son style reconnaissable.

Manikanetish, Mémoire d'encrier, 2017

Son deuxième roman, Manikanetish, est à lire et à relire. Cette fois-ci, elle raconte l'histoire d'une jeune diplômée qui décide de retourner dans sa communauté pour être enseignante de français.

La jeune enseignante fait le saut entre Québec, où elle à étudié, et Uashat (Sept-Iles), où elle a grandi. Elle raconte ses premiers jours d'école, ses craintes et ses espoirs. Elle partage la vie de ses élèves qu'elle apprend à connaître, à aimer. Elle explique ce qu'elle leur fait lire et pourquoi. Elle aborde les complications d'écrire et d'enseigner en français, alors que sa communauté parle une autre langue.

Elle parle de cette langue, l'innu-aimun, langue autochtone, assimilée mais toujours vivante, belle et forte. Elle explique des siècles de colonisation par l'entremise de la vie d'un seul personnage. Manikanetish, petite marguerite, est un chef d'œuvre, point à la ligne. Ce fut mon préféré de ses trois romans.

Shuni: ce que tu dois savoir, Julie, Mémoire d'encrier, 2019

Enfin, son troisième roman, Shuni a été publié cette année. Shuri est une lettre à une amie avec qui le lien s'est rompu. Cette missive sert à faire le point, à expliquer les non-dits d'une relation qui fut, jadis, chaleureuse et riche.

Dans Shuni, la narratrice raconte le village: ce qui change et ce qui reste. Ce qui est justifié et ce qui est inacceptable. En utilisant son style de plus en plus raffiné, l'auteure raconte la vie, le mal, l'espoir et l'amour en tableaux. Ces tableaux sont courts en termes de longueur et de mots, mais larges en termes d'idées, d'imagination, de compréhension.

Je le cite à nouveau: Naomi Fontaine est ma découverte de l'année. Elle s'insère parfaitement dans la foulée de la littérature autochtone crée par des auteurs de talent partout au pays, avec la valeur ajoutée qu'elle raconte en français. Ses romans sont courts, mais directs. Ils montrent l'effet de la colonisation et des politiques racistes soutenues par les gouvernements depuis des centaines d'années. Elle explique sans prêcher, en présentant des histoires, des vies, des peurs et des doutes qui sont réels.

Naomi Fontaine a des histoires plein la coeur. Souhaitons qu'elle continuera de les raconter et d'écrire d'autres romans.

À noter que Kuessipan vient d'être porté à l'écran dans une réalisation de Myriam Verreault.