Critique de livre: Adolphe de Benjamin Constant
Dans ce court roman rédigé à la hâte par Benjamin Constant, le lecteur découvre le personnage d'Adolphe, meurtrit et déchiré par le fardeau moral que lui impose sa relation amoureuse. Constant était un homme politique et littéraire du XIXe siècle, et la profondeur d'analyse sentimentale exposée dans ce roman en fait un classique incontournable.
J’ai lu Adolphe de Benjamin Constant en moins de trois heures. Je ne savais pas à quoi m’attendre de ce dernier titre tiré de ma liste de classiques, surtout parce qu’il ne compte qu’une centaine de page dans une dizaine de chapitres. Si la lecture de certains classiques m’a appris quoi que ce soit, c’est qu’ils réussissent souvent à me surprendre. Ce fut le cas d’Adolphe, ce jeune bachelier d’à peine 20 ans qui se lie d’amour pour Éllénore, une femme mariée de 10 ans son ainée.
Le roman expose les états d’âme d’Adolphe tout au long de sa liaison peu commune avec Élénore, dans une relation complètement orageuse et même vicieuse.
Au début, Adolphe est un jeune pimpant qui séduit une femme mariée. Il se prête au jeu, par arrogance et par insolence que par amour. Son jeune esprit franchit toutes les étapes du grand amour, de l’obsession à la peur d’être rejeté, de la séduction à la fierté de plaire.
La relation prend un tournant décisif lorsque la relation plutôt illicite qu’entretient Éllénore avec Adolphe se fait connaître de son mari. Le divorce s’ensuit, créant un lien dorénavant plus obligatoire entre Adolphe et Éllénore.
Les passions des premiers mois s’essoufflent, et Adolphe souhaite de plus en plus se concentrer sur sa carrière. Il aborde ce souhait avec Éllénore, et sa réponse sera peu clémente. Il s’enfoncera jusqu’aux genous dans une relation d’amour et de haîne tumultueuse où le resentiment prime et la bonté se fait rare. Le père d’Adolphe tentera plusieurs interventions, directes et indirectes, pour amener son fils à retrouver une certaine joie de vivre.
Dans ce texte littéraire, on témoigne de l’éducation sentimentale que l’auteur aura mis une vie entière à atteindre. C’est une histoire coup de poing qui raconte la peine amoureuse de deux personnes, une vie durant, dont plusieurs éléments peuvent s’extrapoler drôlement au couple universel.
On veut prendre pour Adolphe, malgré son apparente faiblesse et le fait que l’histoire est uni-directionnelle jusqu’à la fin.
Adolphe est un essentiel de la littérature qui incarne bien le romantisme du XIXe siècle. Il ne faut que trois heures pour être plongé dans les eux troubles d’Adolphe et d’Éllénore, et aucun ne s’en sortira indemne.