Lectures d'hiver

Le printemps tarde à réchauffer ma ville, et j'en profite pour partager mes lectures francophones des derniers mois. Je vous souhaite de trouver ici quelques suggestions pour vos lectures printanières – le beau temps se pointera bien un jour ou l'autre.

Lectures d'hiver
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/*Les Fables de La Fontaine*/ Peu de gens sont sans connaître quelques fables de Jean de La Fontaine. Je me souviens d’avoir récité les vers de « La cigale et la fourmi » dans ma jeunesse. Cet hiver, j’ai lu l’intégrale des fables dans un livre illustré de Gustave Doré. Jean de Lafontaine a publié trois recueils de fables entre 1668 et 1694. Ce sont des poèmes, sans doute, chacun présentant une certaine morale, une leçon sur l’humanité. La vie animale occupe un premier rôle : souvent, les fables sont des tableaux d’interaction entre un animal et un humain, ou entre animaux tout simplement. La plume de La Fontaine est souvent drôle, ironique et perspicace. Lire les fables au-delà de notre expérience écolière révèle l’ampleur du travail de La Fontaine, et son style unique et universel. À garder près de la table de chevet pour une lecture qui dure plusieurs mois.   Fables de Jean de Lafontaine /*Les souffrances du jeune Werther*/ Johann Wolfgang Von Goethe est un auteur allemand qui fut projeté à l’avant-plan de la scène littéraire après la publication de ce livre. Il s’agit d’un roman épistolaire qui fait état des correspondances, entre le jeune Werther et son grand ami. Il est amoureux d’une femme qui est financée à un autre. Au cours d’une année et demie, les états d’âme du jeune Werther vont passer de l’amour inégalé à la tristesse plus que totale. Ce livre est reconnu comme l’un des grands classiques de la littérature européenne. C’est un grand roman d’amour, qui, à l’époque de sa publication, fut accueilli avec le plus grand éclat, certains allant jusqu’à parodier les émotions à fleur de peau du personnage. C’est un roman court, comique et tragique à la fois, et une belle histoire d’amour que j’ai bien aimé découvrir. /Les Souffrances du jeune Werther de Johann Wolfgang Von Goethe/ /*Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo de Danny Laferrière*/ Je suis depuis longtemps la carrière et les écrits de Danny Laferrière, auteur haïtien qui a passé une grande partie de sa vie au Québec. C’est un auteur que je trouve souvent apolitique, mais je retrouve toujours ses écrits avec une grande joie. J’aime surtout ses recueils de textes courts où il commente la vie d’écrivain, il relate ses lectures du moment, et ses réflexions sur la vie. Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo, est un livre qu’il dédie à un jeune garçon récemment installé à Montréal du Cameroun. Laferrière se rappelle son arrivée à Montréal et tente d’interpréter les comportements, habitudes et préférences des Montréalais. Son écriture est sensible, drôle et engageante. Je recommande la lecture de ce livre-ci, mais pour découvrir l’œuvre de Laferrière, il faut commencer avec l’Odeur du café. /Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo de Danny Laferrière/ /*Les armoires vides, Annie Ernaux*/ Quel plaisir de remonter dans le temps pour lire le premier ouvrage d’Ernaux ! Il est plus cru et libre que ses livres récents. Une jeune femme retrace le parcours de sa jeunesse. Elle doit jongler deux mondes. Le premier, celui de son enfance dans le café-épicerie de ses parents où les journées sont longues et la compagnie particulièrement travaillante. Le deuxième, celui de l’école où elle a le goût d’apprendre et où elle casse avec l’histoire de ses parents en s’éduquant. Le style d’Ernaux est unique et envahissant. Une voix de femme qui résonne encore aujourd’hui. /Les armoires vides d’Annie Ernaux/ /*Le corps des bêtes, Audrée Wilhelmy*/ C’est l’histoire d’une famille qui habite un phare isolé près de la mer et de la forêt. L’époque est floue et les circonstances sont vagues. Une jeune fille, Mie, grandit dans ce tableau en s’imprégnant de la nature environnante. Elle a un don : elle peut transférer sa conscience dans le corps des animaux de son entourage. Elle s’éduque sur la vie, la mort, la sexualité en empruntant le corps matériel des grues, des ours, des crabes. Il faut lire ce livre pour l’écriture séduisante, et l’imaginaire décidément original sans trop chercher à suivre le fil de l’histoire. Le personnage de Mie m’intrigue, mais l’absence de consentement explicite dans certaines des relations du roman est troublante. Audrée Wilhelmy est une jeune auteure à suivre, tout de même. /Le corps des bêtes d’Audrée Wilhelmy/