La marchandisation, c’est le vol

La crise économique actuel a mené à un niveau inédit de dépenses gouvernementales. Ces dépenses supplémentaires, financées par des emprunts publics ou, parfois, en imprimant de l’argent (dont l’effet est semblable à celui des emprunts), secourent les travailleurs en chômage temporaire ou permanent au montant d'environ 80 milliards de dollars et subventionne les revenus des entreprises. Ces actions sont nécessaires pour soutenir l’activité économique essentielle et pour reporter à plus tard l’impact des conséquences économiques de la récession.

La marchandisation, c’est le vol

Introduction

La crise économique actuel a mené à un niveau inédit de dépenses gouvernementales. Ces dépenses supplémentaires, financées par des emprunts publics ou, parfois, en imprimant de l’argent (dont l’effet est semblable à celui des emprunts), secourent les travailleurs en chômage temporaire ou permanent au montant d'environ 80 milliards de dollars et subventionne les revenus des entreprises. Ces actions sont nécessaires pour soutenir l’activité économique essentielle et pour reporter à plus tard les conséquences économiques de la récession.

En plus, il faut ajouter à ces dépenses les promesses de la part des banques centrales d’exécuter des achats directs d’obligations sur le marché libre « à tout prix » pour maintenir la liquidité des marchés.

Malheureusement, comme avec toute action du gouvernement et de la banque centrale qui s’agit de dépenser de l’argent, il y a eu des effets secondaires, y compris des bulles financières dans les marchés des actions et dans l’industrie des services en ligne, de graves transformations au sein des marchés fonciers, et une inquiétude par rapport aux fondamentaux des obligations d’entreprises. Ces effets ont attiré de l’attention sur les activités des marchés financiers avant la crise, les niveaux de dette des sociétés “zombie” (entreprises avec plus de dette que de revenus), et au niveau faible d’investissement dans l’économie réelle.

Un autre effet de tous ces emprunts et dépenses s’agit de l’accumulation de dettes publiques et des entreprises. La réponse, soit des libéraux centristes, soit de la droite, est de préconiser la seule politique qu’ils comprennent après 40 ans de néolibéralisme : des coupures aux services publics et la privatisation.

Des articles précédents ont tracé les grandes lignes de cette réponse néolibérale, et déjà certains groupes de réflexion et partis politiques, tenants de l’économie néoclassique, se préparent pour l’attaque contre les services publiques. Naturellement, ils ne mentionnent pas qu’une grande partie de l’argent dépensé a subventionné les profits des entreprises privées, et se concentrent exclusivement sur les dépenses publiques.

Une partie de ces attaques s’agit d’attentats contre notre système de financement des services, et il faut voir et comprendre ces attaques sous le prisme du néolibéralisme ; en l’occurrence, le remplacement des impôts par les frais.

Les changements préconisés sont surtout de nature régressive, et visent :

  • Le revenu fixe
  • Les régimes de retraite
  • Les droits de mutation
  • Les frais pour les services
  • Les frais de scolarité
  • Le financement sociale et les obligations à impact social
  • La capacité de payer
  • Les surtaxes
  • La perte de propriété publique par vente ou cession-bail

Cependant, les enjeux sont plus grands que l’imposition de taxes régressives pour payer la dette et l'inégalité d’accès aux services qui s’ensuit. Le vrai but des capitalistes, c’est la privatisation des services publics.

Dans la série d’articles qui suivra, nous montrerons comment chacun des éléments ci-dessus ne s’agit aucunement de changements superficiels ; au contraire, ils sont structurés pour transférer la richesse publique dans les mains des entreprises privées. L’inefficacité structurelle conséquente multiplie l’effet négatif sur les dépenses publiques. Le capital est enrichi, les travailleurs sont appauvris.

Quitte ou double sur le néolibéralisme

Depuis 40 ans, la politique préférée des capitalistes est la privatisation des services qui étaient dorénavant publics et qui ne produisaient aucun profit. Connu sous le nom de la marchandisation, cette stratégie s’agit de mettre sur le marché un bien public afin de le rendre rentable pour une entreprise privée, qui vise à l’acheter, le vendre ou le louer.

À ce qu’on raconte, le capitalisme est un système qui produit bon nombre d’innovations, bien que plusieurs doutent de cette histoire. Mais la marchandisation n’est aucunement la sorte d’innovation à laquelle nous sommes habitués. En fait, la grande majorité des profits retirés se produisent simplement d’un transfert de la richesse publique dans les coffres des capitalistes.

Le résultats de la marchandisation des services et espaces publics sont l’extraction d’une rente par une compagnie privée et des coupures au services publics qui ne cessent jamais de contribuer à sa rentabilité, même lorsque le transfert est terminé.

Ceci ne ressemble aucunement au capitalisme de notre imagination, un système à la recherche de profits par le moyen de l'investissement dans la production (par exemple, payer des travailleurs pour construire des automobiles que l’on vend par suite). La marchandisation n’est qu’un type de vol (ou, au moins, un cadeau) des actifs publics de la part de quelqu’un qui cherche à en retirer un profit. C’est un peu comme acheter bas et vendre haut, mais ici le « bas » est presque gratuit. L’extraction des profits par le biais de services privatisés n’est qu’une forme de parasitisme mercantile, qui a plus en commun avec l’impérialisme ou le pillage colonial qu’avec le capitalisme “industriel”.

La seule innovation qui se produit lors de ce processus est l’ensemble des stratégies novatrices employé par les capitalistes et les politiciens pour privatiser tout possible et pour établir un système de frais ou de prix, afin de s’assurer que tu n’aies pas l’impression qu’un voleur essaye de te revendre ta propre voiture. Elle est peut-être moins chère que celle que tu as achetée, mais seulement si tu oublies que c’était d’abord lui qui te l’a volée. La marchandisation, c’est le vol – mais à une plus grande échelle.